TDAH à l’école : Astuces pour enseignants et accompagnants

les difficultés de l'enfant TDAH

Voici une petite check liste des bonnes astuces à mettre en place pour accompagner un enfant qui souffre de TDAH à l’école et favoriser une relation de qualité entre l’intervenant adulte et l’enfant.

A l’école, le TDAH rend la vie scolaire difficile pour les enfants qui en souffrent. La concentration est difficile, rester assis sans bouger constitue une épreuve, et le sentiment d’échec atteint la motivation. Les enseignants et les AESH (Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap) se trouvent de plus en plus confrontés à la question de l’accompagnement à la scolarité des enfants qui souffrent de troubles ou de différences de fonctionnement cérébral. 

J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’en résumer certains fonctionnements et de transmettre les conseils de professionnels de différents horizons qui inspirent nos pratiques. 

La scolarisation des enfants atteints de Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) nécessite une approche individualisée qui est parfois difficile à concilier avec la gestion d’une classe complète. Les enfants souffrant d’un TDAH fournissent en général plus d’efforts que les autres enfants, avec des résultats parfois décourageants. Les troubles de comportement associés à leur TDAH rendent leur intégration en classe compliquée, et les professionnels s’efforcent de concilier le besoin d’aider ces enfants à mieux vivre leur scolarité mais aussi offrir un climat de qualité, favorable à l’apprentissage, pour tous les élèves de la classe.

Le CHU de Montpellier a publié un guide à l’attention des enseignants, qui peut également être utile pour les AESH qui accompagnent les enfants avec TDAH. Présenté comme un catalogue d’idées, d’astuces et de conseils, il est issu d’un travail collégial de recherche auquel enseignants, psychologues scolaires et personnels soignants ont participé.

Dans cet article, nous partageons ces astuces, en les organisant et en illustrant de quelques pistes afin de les mettre en application facilement.

Adopter une communication positive
avec l’enfant qui souffre de TDAH

Le mode de communication est essentiel pour bien interagir avec un enfant atteint de TDAH. Une bonne façon de communiquer avec lui l’aidera à mieux réagir et à se comporter de la manière attendue. 

Voici quelques bonnes pratiques pour s’adresser de façon positive. En communiquant efficacement, l’adulte qui intervient auprès de l’enfant pourra obtenir un échange positif, dans un climat d’échange apaisé :

Parler d’une voix calme, ferme et posée. 

Il est important de ne pas crier et de garder toujours une voix calme, qui va aider l’enfant à ne pas se laisser emporter par les émotions. Mais le ton doit rester ferme pour que l’enfant comprenne bien ce qui lui est demandé.

Aider l’enfant à se sentir concerné avec la voix, le geste ou les visuels

Il faut aider l’enfant à ne pas se disperser et à garder l’attention sur ce qui lui est dit. Il doit se sentir pleinement concerné. Ainsi, l’adulte doit répéter le prénom de l’élève pour l’aider à bien comprendre que la consigne/l’information s’adresse aussi à lui.

L’adulte qui parle à l’enfant va accompagner sa communication par une gestuelle “aidante”. Le geste va aider l’enfant à se concentrer sur l’échange : contacts visuels le plus fréquents possibles, poser la main sur l’épaule de l’enfant, lui faire un signe qu’il reconnait et qui indique qu’il doit se reconcentrer…

Un support visuel peut être également très accompagnant. La consigne dite peut-être écrite sur une affiche et collée au mur par exemple (cela sera utile pour tous les élèves).

Formuler des requêtes positives qui décrivent le comportement attendu

Les phrases doivent être dites sous forme affirmative : “stp, assieds-toi sur ta chaise, les pieds au sol, le corps tranquille et regarde-moi.” Eviter les phrases contenant une négation, telles que “Ne bouge pas comme ça” “ne touche pas à ça”. Le cerveau de l’enfant ne retient pas la négation. Il va retenir le contenu du message sans la négation : bouge, touche ça. Si vous entendez la consigne “ ne pense pas à une voiture rouge ?”, à quoi pensez-vous immédiatement ? A cette voiture rouge bien sûr. Car le cerveau immédiatement se représenter l’élément qui lui est dit oralement. Du coup, en s’adressant à un enfant (quel qu’il soit d’ailleurs !), il faut citer le comportement attendu et donc toujours donner des consignes positives et affirmatives !

Les instructions ne doivent pas être transmises sous forme négative mais c’est vrai aussi pour la forme interrogative. Si la consigne se présente sous forme de question, la réponse attendue risque fort de ne pas arriver. Il faut privilégier les demandes directes : “tu dois terminer ton exercice” et non pas “est-ce que tu peux terminer ton exercice ?”

Expliquer le travail précisément

Ce qui attendu s’énonce de façon claire et précise. Les phrases trop générales apportent de la confusion et la réponse de l’enfant peut alors être inadaptée. Une requête du type “fais attention” ou “arrête”est beaucoup trop générale. Il est préférable de dire par exemple “Tu dois rester silencieux jusqu’à la fin de l’exercice”. Pour ma part, j’ajouterais bien une deuxième phrase de motivation pour aider l’enfant à se projeter positivement dans l’hypothèse où il parvient à réussir à appliquer la consigne. Cela donnerait : “Tu dois rester silencieux jusqu’à la fin de l’exercice. Ensuite tu pourras te lever et venir me voir. Je te donnerai une image pour te féliciter”. ou alors “tu pourras prendre un moment pour marcher au fond de la classe quelques minutes, sans déranger tes camarades. Cela te permettra de te dégourdir.”

Dans le même sens, l’enseignant ou l’ASH va éviter de relever le mauvais comportement. Souligner l’inattention, l’agitation ou le mauvais comportement a souvent un effet boomerang d’aggravation du comportement que nous ayons de réduire ou de stopper. La situation peut alors empirer. L’astuce est de toujours se focaliser sur le comportement positif attendu. Dire plutôt à l’enfant “commence ton exercice de maths” plutôt que “cesse de parler”.

Transmettre ses consignes efficacement en classe

Pour répondre positivement à la consigne, l’enfant qui souffre de TDAH doit d’abord ramener son attention. Un petit échange permet de s’assurer qu’il a compris la demande et enfin vérifier que les conditions sont réunies pour une bonne réalisation du travail demandé. 

Ramener l’attention de l’enfant TDAH

Annoncer à l’enfant ce qui va être la prochaine étape (on va expliquer un nouvel exercice par exemple ou chacun va venir réciter sa poésie) avant de l’annoncer de façon globale à toute la classe.

S’assurer qu’il a bien compris

  • Répéter individuellement à l’enfant ce qui vient d’être dit.
  • Découper la consigne en plusieurs étapes. L’enfant atteint d’un TDAH ne comprendra pas une consignes qui contient plusieurs choses à faire. C’est le meilleur moyen pour qu’il en oublie la moitié ! Pour favoriser l’attention, il est préférable d’annoncer les tâches les unes après les autres. L’exercice est à découper en autant de petits exercices atteignables : tu lis ce paragraphe / maintenant tu soulignes les verbes / maintenant tu écris l’infinitif des verbes que tu as souligné/… L’idée est de demander la même chose à l’enfant mais de lui en demander moins à la fois.
  • Illustrer le plus possible en utilisant un support visuel : écrire les consignes, montrer l’exercice et ce qu’il y a à faire directement sur le support, fournir une liste ou un aide mémoire.
  • Simplifier les instructions pour ne pas perdre l’enfant dans trop de détails et de précisions.
  • Faire répéter la consigne à l’enfant pour s’assurer qu’il a bien compris et retenu.

Vérifier que les conditions sont réunies pour réussir

Bien sûr, les conditions de réussite sont à réunir pour limiter l’échec, qui démotive et décourage.

En cas d’agitation au début de l’exercice, à cause d’un événement qui s’est produit un peu plus tôt, la simple consigne de devoir se calmer, se taire, ramener son esprit et faire son exercice apparaîtra comme une montagne. Comment faire pour se calmer ? Pourquoi se taire lorsqu’on a tellement envie de raconter des choses ? Et va-t-on réussir cet exercice qui semble si difficile ?

Créer un espace de transition permet à l’enfant de diminuer son agitation et d’être dans le bon état d’esprit pour commencer l’exercice. L’accompagnant (ou AESH) peut éventuellement l’emmener faire quelques pas en silence dans la cour pour se calmer. Elle peut aussi lui faire faire un petit exercice de respiration pour se calmer.

Aider à calmer l’agitation et se poser
pour entrer dans les apprentissages à l’école

Permettre à l’élève de se dégourdir

L’enfant qui est atteint de TDAH a besoin de mouvement. Trouver régulièrement des prétextes pour permettre à l’enfant de bouger sans déranger va l’aider à supporter les contraintes imposées au corps (rester assis, ne pas bouger, ne pas parler…). Pour cela, des petites responsabilités peuvent lui être confiées : effacer le tableau, distribuer les feuilles, ouvrir ou fermer les fenêtres, transmettre un message dans la classe d’à côté…

L’élève peut aussi alterner les positions lorsqu’il travaille. Il est possible de lui permettre d’écouter ou de travailler debout, à genoux sur la chaise, de lire assis sur un tapis de sol. Tenir un objet comme une balle anti-stress peut aussi être aidant. Dans mon article sur les enfants agités, je vous présente les différents outils pour aider les enfants à tenir en position assise (ballon, élastiques de chaise, coussins de chaises…).

Il ne faut pas hésiter à essayer avec l’enfant et de voir avec lui ce qui est le plus efficace. Le rendre acteur en lui offrant la possibilité de chercher des solutions avec vous sera valorisant et lui donnera envie de s’investir. Après tout, il est le mieux placé pour dire ce qui rend son quotidien plus supportable. Il faut toujours garder en tête que son fonctionnement cérébral est différent et qu’il fournit de très nombreux efforts pour évoluer dans un environnement qui n’est pas adapté à ses particularités.

Protéger son espace visuellement 

L’enfant qui souffre de TDAH a besoin plus que les autres de se sentir contenu. Délimiter visuellement son espace l’aidera à mieux se contenir et à rester en place. Des aides visuelles notamment délimitent clairement son bureau, son espace, ses affaires.

Le guide du CHU de Montpellier propose par exemple de délimiter par un scotch de couleur le contour du bureau, mais attention au sentiment d’exclusion pour l’enfant. Néanmoins je constate que ces enfants aiment bien trouver des astuces pour s’isoler, la proximité pouvant être anxiogène. Ainsi, ils placent parfois eux-mêmes des livres pour se séparer de leurs voisins de bureau. Une expérience réalisée par une maîtresse qui avait proposé le port de masques aux enfants agités avait eu un effet calmant immédiat et les enfants avaient apprécié. Ce type de mesure doit être bien mesuré et réfléchi, nous pouvons en parler avec les enfants, et trouver avec eux les actions appropriées.

Favoriser les bons comportements à l’école

Le premier conseil à donner pour favoriser le comportement adéquat de l’élève avec TDAH est d’éviter toute stigmatisation. Noter le comportement inadapté aura our conséquence un ancrage de l’enfant dans son comportement négatif. Par ailleurs, la classe peut avoir du coup des réactions de rejet de cet enfant qui peut souffrir du jugement des autres, ce qui ne l’aidera pas à progresser. Il est donc essentiel de prendre du recul pour ne pas se laisser emporter par l’énervement ou l’irritation même si les attitudes de ces enfants différents peuvent parfois exténuer, à leurs dépens. 

Ainsi, comment réagir lorsque l’enfant se comporte mal ? La première étape est d’encourager l’élève à identifier ce qui n’était pas acceptable dans son comportement. Aidez-le à le formuler avec des mots, à expliquer ce qui n’allait pas dans son attitude et pourquoi ce comportement n’est pas acceptable. N’y ajouter aucun jugement ni élément de culpabilisation, ce serait contre-productif. L’idée est plutôt de l’aider à analyser les situations, y porter un regard objectif, et prendre de la distance par rapport à ses propres réactions. Ensuite, l’enfant peut essayer d’expliquer quelles sont les réactions positives qu’il aurait pu adopter pour mieux gérer la situation. Cela lui permet d’apprendre à trouver lui-même les solutions les plus adaptées, pour répondre aux situations de façon positive.

Accompagner l’enfant avec TDAH
dans sa gestion du temps

  • L’enfant qui souffre de TDAH a besoin de pouvoir bien délimiter le temps et gérer convenablement le déroulement des activités durant la journée d’école. Un fonctionnement routinier et stable des activités quotidiennes l’aideront à mieux s’organiser.
  • Avertir à l’avance d’un changement d’activité prochain pour l’aider à gérer la transition, à organiser la fin de l’activité précédente et à préparer la prochaine.
  • Diviser le travail en portions en 15 minutes car il faut garder en tête que le temps de concentration d’un enfant qui souffre de TDAH est moins long.
  • Diviser la leçon en plusieurs parties bien distinctes, cela l’aidera à organiser les tâches et ne pas se décourager par une quantité d’informations et d’attendus écrasants.
  • L’aider à visualiser le temps qu’il lui reste lorsque l’activité a une temps précis imparti (timer, chronomètre…) en veillant à ne pas le soumettre systématique à l’épreuve du timer qui peut être anxiogène.

Accompagner l’enfant TDAH à bien gérer son espace
malgré son trouble d’attention

  • le pupitre doit être dégagé. Le bureau est débarassé des éléments qui pourraient perturber la concentration de l’enfant (fournitures, cahiers, objets qui traînent).
  • Aider l’enfant à organiser son espace. Il est possible d’utiliser des codes couleurs, codes par matières, pochettes étiquetées, trousses et fournitures étiquetées au nom de l’enfant…. Adopter un système de rangement simple et rapide.
  • Eloigner l’enfant des stimulateurs qui risquent de disperser son attention : fenêtre, aquarium, autre élève perturbateur…)
  • Réduire au maximum les cris, les bruits, les mouvements de la classe.
  • Conserver un environnement ordonné et organisé.

Valoriser et encourager l’élève qui a un TDAH

Adopter les méthodes de renforcement positif

Identifier et relever tout comportement positif sera très bénéfique à long terme. Chaque petit progrès reconnu aura un effet en terme de motivation. L’encouragement donne envie de renouveler ce bon comportement et aide à s’améliorer.Il est bon de remarquer les cas où :

  • l’enfant a réussi à se concentrer pendant tout le temps de la consigne
  • il a mieux réussi sa lecture que d’habitude
  • il a fait l’effort de participer même s’il n’a pas correctement répondu
  • il l a levé la main pour demander la parole …

Lorsque nous sommes irrité, fatigué, énervé, nos émotions nous poussent à réagir de façon brutale. Cette attitude amène parfois des punitions ou des remontrances. En revanche, cela n’a aucun effet en terme éducatif, les conséquences sont même contre-productives. Le renforcement positif donne quant à lui des résultats concrets, que vous pourrez mesurer immédiatement. Cela consiste à relever et féliciter l’enfant pour toute bonne action qu’il réalise. Cela génère dans le cerveau de l’enfant la production d’hormones liées à la sensation de plaisir. Un cercle vertueux se produit alors. Le cerveau va essayer d’obtenir encore des encouragements et reproduire les actions.

Le principe est donc de mettre en avant les qualités et les réussites. Il est possible d’utiliser des autocollants collés sur le cahier, des images, des billets de bonne conduite. Des prix originaux tel que l’élève le plus courageux, le plus volontaire, le plus solidaire, le plus souriant, peuvent s’imaginer. 

Eviter les situations anxiogènes en classe

Il s’agit ici de limiter les activités susceptibles de causer des débordements chez l’enfant. Un travail particulièrement pénibles pour l’enfant va créer par exemple une charge émotionnelle forte. L’enfant risque de régir en se mettant à gesticuler ou en faisant le clown.

Si par exemple l’oral le met particulièrement mal à l’aise, une intervention en public est à déconseiller. Cela risque d’engendrer des comportements agités difficiles à calmer. Peut-être alors est-ce judicieux de permettre à cet enfant de répondre autrement. Plutôt que de dire oralement son résultat, il peut l’écrire sur une ardoise posée sur sa table par exemple.

De la même façon, si l’enfant a des problèmes graphiques, mieux vaut réduire le travail d’écriture.

C’est le cas si l’enfant a des troubles de dyslexie, de dyspraxie ou de dysorthographie. Ecrire aura forcément une dimension anxiogène. Il est alors possible de développer des moyens alternatifs :

  • utilisation d’un ordinateur ou des lettres en stickers pour les tout petits
  • entourer plutôt que de recopier les bonnes réponses
  • Dictée à trous pour simplifier l’exercice
  • privilégier la réponse orale…. 

Si le travail de groupe est compliqué pour lui, mieux vaut lui permettre de travailler seul. Apprenez peu à peu à repérer ce qui le fait réagir de façon inappropriée : excitation, colère, agitation. Et anticipez les situations.

Voici quelques astuces pour aider les professionnels de l’enfance, notamment à l’école. Gardons toujours en tête que le TDAH est un trouble neurologique et qu’il constitue un véritable handicap.

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